Comment puis-je obtenir un bouilleur de cru ?

comment puis je obtenir un bouilleur de cru

Dans l’imaginaire collectif, le bouilleur de cru incarne le lien entre terroir, tradition familiale et savoir-faire artisanal. Mais obtenir ce statut en France aujourd’hui n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Il faut remplir certaines conditions précises, suivre des démarches administratives strictes, et s’entourer des bons partenaires pour que la distillation d’alcool de fruits reste légale.

Obtenir un statut réglementé : cadre légal et définitions

Avant toute chose, il convient de bien comprendre ce que signifie « obtenir un bouilleur de cru ». Il ne s’agit pas d’acheter une licence, mais de bénéficier du droit à distiller des fruits issus de sa propre récolte dans un cadre défini par la loi. Ce statut est réservé aux personnes qui cultivent et transforment leurs propres fruits.

Le bouilleur de cru est donc un statut réservé aux particuliers récoltants, vignerons, agriculteurs ou même jardiniers amateurs ayant des vergers en production. Le fruit ne doit pas être acheté mais provenir uniquement de ses propres parcelles. Cette exigence est incontournable pour bénéficier de l’exonération partielle de taxes.

De plus, la distillation ne peut se faire chez soi. Elle doit être réalisée dans un atelier public de distillation ou chez un distillateur agréé. Cela permet aux autorités de contrôler les quantités, l’origine des fruits et les volumes d’alcool obtenus.

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Bouilleur de cru : quelles conditions remplir ?

Tous les Français ne peuvent pas devenir bouilleurs de cru du jour au lendemain. Pour y prétendre, il faut remplir plusieurs critères liés à l’activité agricole ou de récolte domestique. Le demandeur doit être en mesure de prouver qu’il est producteur de ses fruits distillés.

Autre condition fondamentale : l’alcool distillé ne peut être commercialisé. Il est destiné uniquement à une consommation familiale ou à des fins strictement privées. Cela distingue le bouilleur de cru de l’artisan distillateur, qui est un professionnel soumis à d’autres règles fiscales et sanitaires.

Enfin, il est interdit d’avoir plusieurs lieux de distillation ou de cumuler les productions entre différentes personnes. Chaque bouilleur est lié à un seul atelier agréé ou distillateur pour l’ensemble de sa campagne annuelle.

Obtenir l’autorisation officielle : déclaration et formalités

Pour obtenir le droit de distiller, il faut se déclarer auprès de la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI). Cette démarche doit être faite via un formulaire spécifique, souvent le Cerfa n°11170*03, à envoyer 20 jours avant la distillation. Sans cette déclaration anticipée, aucune distillation ne peut avoir lieu légalement.

Le document précise les fruits utilisés, les volumes estimés, l’atelier retenu, et le nom du distillateur si ce n’est pas un atelier communal. L’administration valide ensuite la demande et peut effectuer des contrôles a posteriori. Le non-respect de ces règles peut entraîner l’interdiction définitive de distiller.

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La campagne de distillation s’étend généralement du 1er septembre au 31 août. Durant cette période, le bouilleur doit respecter les quantités autorisées (notamment la franchise de 50 litres d’alcool pur). Toute distillation excédentaire est soumise à taxation.

Bouilleur de cru : avantages et limites du dispositif

Ce statut ancien et typiquement français présente plusieurs avantages. Il permet de transformer ses fruits excédentaires en alcool à moindre coût, tout en valorisant un patrimoine rural. Le principal avantage reste l’exonération sur les 50 premiers litres d’alcool pur distillés chaque année.

Mais le dispositif comporte aussi des limites notables. L’interdiction de distiller à domicile oblige à se déplacer, parfois loin, dans un atelier public. L’usage personnel strictement limité empêche toute commercialisation, même à titre occasionnel.

La loi reste rigide sur la traçabilité des fruits, interdisant toute acquisition sur un marché ou chez un voisin. Le système protège ainsi les circuits légaux, mais peut rebuter les particuliers mal informés.

Bouilleur de cru : chiffres utiles et points de vigilance

Voici quelques éléments pratiques à garder à l’esprit :

  • Droit annuel : 50 litres d’alcool pur exonérés d’accises
  • Taxe au-delà de ce seuil : environ 18,99 €/litre d’alcool pur
  • Campagne : du 1er septembre au 31 août
  • Déclaration préalable : obligatoire 20 jours avant
  • Mode de distillation : uniquement en atelier public ou chez distillateur agréé
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Toute infraction au statut de bouilleur de cru peut entraîner une sanction financière, voire pénale, en plus de la suppression du droit de distiller. Il est donc essentiel de bien comprendre chaque obligation avant de se lancer.

Obtenir un contact local : où se renseigner ?

Les services douaniers locaux restent les interlocuteurs privilégiés pour faire sa déclaration. Il est aussi conseillé de contacter la mairie de son lieu de résidence, qui peut orienter vers les ateliers publics disponibles à proximité. Certaines communes proposent un service annuel de distillation ouvert à tous les bouilleurs de cru de leur territoire.

Il est aussi possible de se rapprocher d’associations régionales de bouilleurs ou de syndicats agricoles. Ces structures connaissent les démarches en vigueur, les bonnes pratiques et les distillateurs de confiance.

Enfin, des plateformes locales (coopératives ou groupements d’utilisateurs) facilitent l’accès à des distillateurs agréés, notamment en zone rurale. Elles centralisent les demandes et organisent les campagnes de distillation dans le respect des règles.